Education financière : 4 heures de cours pour apprendre à épargner
Le 3 octobre, l'Autorité des marchés financiers et l'Institut national de la consommation ouvrent une nouvelle session de formation destinée au grand public pour apprendre à placer son argent. Une initiative qui répond au défaut d'éducation financière mis en avant par plusieurs institutions.
Par Marie-Eve Frénay
Comment gérer efficacement son épargne et ses placements ? C'est la question qui va occuper pendant trois semaines, à raison d'environ une heure et quinze minutes par semaine, des étudiants bien particuliers. Il s'agit des internautes volontaires qui se sont inscrits à la session de formation gratuite en ligne proposée par l'Autorité des marchés financiers (AMF) et l'Institut national de la consommation (INC) qui édite le magazine 60 Millions de consommateurs.
Dans l'équipe pédagogique figurent notamment la directrice des relations avec les épargnants et de leur protection de l'AMF, Claire Castanet, et son adjointe Florence Corne.
30.000 participants
Les inscriptions sont ouvertes depuis le 29 juillet et les cours débuteront le 3 octobre prochain, à l'occasion de la Semaine mondiale de l'investisseur. C'est la troisième édition de cette formation ouverte à tous, sans prérequis. La première session a été lancée en 2020. Durant les deux premières éditions, 30.000 épargnants ont participé, indique l'Autorité des marchés financiers.
Cette formation aborde quatre grands thèmes : le rôle de l'investisseur, son profil et ses objectifs, les grandes notions liées à l'investissement boursier (comme l'horizon de placement, ladiversification, le couple rendement-risque), le fonctionnement des principaux placements et un module pour apprendre à repérer les arnaques .
« Chaque module est composé de plusieurs vidéos et documents complémentaires. Il peut s'effectuer en une à deux heures et se conclut par un quiz autocorrectif déterminant dans la réussite du parcours », souligne l'AMF. A la fin, les étudiants ayant bien répondu à au moins 50 % des questions reçoivent une attestation de suivi, pouvant être ajoutée à un curriculum vitae par exemple.
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Des Français mécontents de leur culture financière
Cette initiative répond à une problématique jugée importante, voire préoccupante, par les pouvoirs publics : le défaut d'éducation financière. Selon une étude diffusée en décembre 2021 par la Banque de France, près de 7 Français sur 10 jugent leur culture financière moyenne ou faible. Parmi les notions les moins bien maîtrisées figurent l'inflation et les taux d'intérêt, deux indicateurs qui sont pourtant au centre des préoccupations des dirigeants et des instances monétaires depuis le déclenchement de la guerre en Ukraine.
Dans son étude sur le comportement et le choix des investisseurs, dont le second volet a été dévoilé ce 27 septembre(1), le gestionnaire d'actifs internationa Schroders met également en lumière le défaut de connaissances financières y compris de la part de clients patrimoniaux. En effet, la particularité de cette enquête est de s'intéresser aux investisseurs ayant au moins 10.000 euros à placer dans les 12 prochains mois.
Excès de confiance
Cette étude démontre ainsi que les investisseurs estimant avoir un niveau de connaissance financière intermédiaire se méprennent sur leurs aptitudes. Au test qui leur est soumis dans le cadre de l'enquête de Schroders, ils font en réalité à peine mieux que les épargnants s'estimant novices. Dans le détail, 89 % réponses des sondés Français auto-évalués comme «intermédiaires» sont fausses, contre 90 % s'agissant des personnes se catégorisant comme «débutantes». Toute nationalité confondue, cet excès de confiance se confirme aussi.
« La finance, ce n'est pourtant pas sorcier, souligne Yves Desjardins, directeur général France de Schroders. On ne fait qu'investir de l'épargne dans des entreprises ou dans de la dette d'Etat ». Selon lui, « on pourrait commencer par donner une heure de cours en primaire et au collège pour initier les enfants aux mécanismes financiers de base, afin de permettre de créer un socle de connaissances communes », appelle de ses voeux Yves Desjardins.
(1) Schroders a mandaté alan. agency et iResearch pour mener son enquête indépendante en ligne auprès de 23.950 investisseurs (dont 21.131 actifs et 2.819 retraités) répartis dans 33 localisations à travers le monde entre le 18 février et le 7 avril 2022. Dans le cadre de cette étude, un « investisseur » correspond à toute personne envisageant d'investir au moins 10.000 euros (ou une somme équivalente) au cours des 12 prochains mois et ayant modifié ses placements au cours des dix dernières années. Ces personnes sont considérées comme représentatives de la population des investisseurs de chaque localisation dans laquelle a été menée l'enquête.
Marie-Eve Frenay